Les pensions de retraite des femmes sont en moyenne inférieures de moitié à celles des hommes. Une différence qui ne devrait pas se réduire, en dépit de la hausse continue du taux d’activité dans la population féminine. Le problème devrait être abordé par la réforme de 2013.

Les femmes ne sont pas prêtes de toucher une retraite équivalente à celle des hommes. Même si elles sont plus nombreuses à travailler et qu’elles poursuivent leur carrière plus longtemps, les écarts de pensions entre les retraités et les retraitées pourraient même se creuser dans les années à venir.

Près d’une femme sur deux arrête le travail après deux enfants .

Or, en la matière, il y a fort à faire d’autant que la situation ne va pas, contrairement aux idées reçues, forcément s’améliorer. Compte tenu de l’augmentation continue du taux d’activité chez les femmes, le montant des retraites de ces dernières devrait atteindre 80% de celles des hommes pour la génération née en 1970, d’après les projections de l’Insee. La réalité, elle, pourrait être tout autre. « La réduction des écarts marque le pas pour les générations d’après-guerre », constate Raphaël Hadas-Lebel (Président du Conseil d’orientation des retraites COR).

Les avantages familiaux remis en cause

La faute à plusieurs facteurs. Primo, les grossesses et les naissances continuent à peser sur les carrières féminines : 38% des femmes arrêtent de travailler après leur premier enfant, 47% après leur deuxième et 70% après leur troisième, a rappelé le président du COR. Deuxio, l’emploi à temps partiel se développe et concerne majoritairement des femmes qui, du coup, ne cotisent pas au taux plein. Tertio, les différences de salaires entre hommes et femmes ont cessé de se réduire depuis les années 1990 (20% dans le secteur privé et 15% dans la fonction publique). Sur ce dernier point, les députés de la délégation (essentiellement des femmes) se sont réjouis de la récente condamnation de deux entreprises pour non-respect de l’égalité salariale. Si cette question (un des chevaux de bataille de l’actuel gouvernement) et le problème de l’essor du temps partiel pourraient un jour être réglées, il en va autrement de la maternité.

Certes, la majoration de durée d’assurance (MDA) permet aux femmes de se voir attribuer 4 trimestres de cotisation au titre de la grossesse et 4 trimestres au titre de l’éducation. Problème : depuis un arrêt de la Cour de cassation du 1er novembre 2010, un père peut se prévaloir des 4 trimestres d’éducation s’il prouve qu’il a été celui du couple qui a assuré l’éducation de l’enfant. Par ailleurs, l’assurance vieillesse de parents au foyer (AVPF) qui permet aux mères au foyer d’enfant de moins de 3 ans ou de trois enfants de gagner des trimestres, « est soumise à des conditions de ressources », souligne Raphaël Hadas-Lebel.

Enfin, la majoration de 10% octroyée aux mères et aux pères d’au moins trois enfants pourrait, suite au rapport du président du Haut conseil à la famille (HCF), Bernard Fragonard, être forfaitisée, plafonnée, voire fiscalisée. L’ensemble de ces avantages familiaux pourrait être remis en cause par la prochaine réforme des retraites alors qu’ils représentent en moyenne 16% des pensions des femmes.

Baisse à venir de la pension de réversion

Mais davantage que la possible réduction de ces avantages, ce sont les évolutions sociétales qui risquent d’impacter le plus les retraites des femmes. Ces dernières vivant en moyenne plus longtemps que les hommes, ce sont elles qui bénéficient très majoritairement des pensions de réversion. En incluant ce dispositif qui permet de percevoir une partie de la retraite du conjoint défunt, la pension moyenne des femmes n’est plus inférieure que de 33% à celle des hommes.

Or, ce système pourrait voler en éclat avec la hausse du célibat, des familles monoparentales, des familles recomposées, des divorces et des couples non mariés. Seuls les couples mariés peuvent bénéficier d’une pension de réversion. En outre, les régimes de la fonction publique et les retraites complémentaires Arrco et Agirc interdisent aux divorcés qui se sont remariés d’en profiter. Dans ces conditions, de moins en moins de femmes devraient percevoir une pension de réversion. « La durée d’assurance des femmes est en train de rattraper celle des hommes et pourrait même la dépasser. Pour autant, les écarts de pension risquent de perdurer », conclut Raphaël Hadas-Lebel.

Conscient du problème, le gouvernement a promis de s’y pencher dans la cadre de la future réforme des retraites. La commission pour l’avenir des retraites, présidée par Yannick Moreau, l’ex-présidente du COR, a été chargée de formuler des propositions dans son rapport qu’elle devrait remettre début juin au Premier ministre.