Interrogé sur les conséquences sociales de la création du FSI (fonds stratégique d’investissement)lors de la réunion du CMIC[[Comité mixte d’information et de concertation du groupe CDC]] du 4 décembre 2008, le Directeur Général s’est montré fidèle à ses principes, alternant le discours optimiste et la bonhomie rassurante.

La CFTC, bien que moins rassurée, ne l’attendait pas sur un autre registre. L’optimisme fait partie intégrante, si ce n’est de la nature, du moins de la formation des hauts fonctionnaires!

Sans refaire le rappel exhaustif d’un fonds, dont la génèse, la construction et l’utilité attendue font régulièrement les colones des quotidiens « économiques », le Directeur Général en a rappelé les éléments fondamentaux [[en tout cas ceux connus à la date du 4 décembre!]] et a pris quelques engagements sur les conséquences sociales de ce dispositif.

Il a rappelé qu’en sa qualité d’investisseur de long terme, affirmée dans le plan stratégique « Elan 2020 » et validée par la loi LME d’août dernier, la CDC assumait son rôle institutionnel en participant à la création de ce « fonds souverain à la Française ».

Le FSI se donne trois missions:

-Développer des PME;
-Investir en fonds propres dans des entreprises de taille moyenne (domaine de la recherche….)
-Stabiliser le capital des entreprises françaises de taille «supérieure ».

Le FSI sera doté, au final, de 20 Mds €, constitués de liquidités (à hauteur de 6Mds €) et d’autres participations, dont la liste n’est toujours pas définitivement arrêtée.

Le fonds, dont la gestion est confiée à la CDC, sera logé dans une filiale, constituée à 51% par la CDC et 49% par l’Etat. Il n’est pas exclu que d’autres actionnaires puissent être sollicités pour gonfler les apports.

Le Directeur Général estime que la situation des personnels des filiales actuelles, qui devraient rejoindre le FSI, restera inchangée sur le plan des droits sociaux. Du moins, il s’y engage.

La nouvelle filiale FSI entrera dans le périmètre du groupe CDC et sera donc soumise au même contrôle de la commission de surveillance. Son évolution fera l’objet d’une information au sein du CMIC.

Sur le plan de l’établissement public, le Directeur Général entend confier aux directions régionales un rôle majeur dans la mise en oeuvre des décisions qui seront prises par le FSI. Il annonce la création d’un poste par DR chargé de cette promotion.


Notre Avis

Un « fonds souverain à la française » n’est pas véritablement une surprise voir notre tract « une caisse sans fonds ». Les crises économique et financière en ont simplement précipité la création!

Sur le fond, la CFTC réaffirme la légitimité de la CDC à assumer son rôle d’investisseur de long terme en soutenant des secteurs économiques menacés par la crise pour éviter des licenciements massifs.

Il ne faut pas se tromper de débat. Lorsque, avec la CFDT, FO et la CGT, la CFTC appelle à la vigilance collective sur les conséquences sociales de la création du FSI, ce n’est certainement pas pour contester les interventions économiques de la CDC, ou réclamer « la tête » de son Directeur général. Bien au contraire, la CFTC a eu l’occasion de dire que la situation actuelle légitimait le groupe dans son rôle au service de l’intérêt général. Quant au Directeur général, son action est parfaitement cohérente avec la stratégie qu’il a, lui même, défini dans « Elan 2020 »!

Dans les circonstances exceptionnelles actuelles, aucun autre n’aurait pu résister aux injonctions de l’Elysées.

En revanche, il parait légitime de s’inquiéter des répercussions de cette mobilisation, sans précédent, de fonds et participations du groupe au sauvetage économique, sur ses autres missions d’intérêt général et sur l’avenir de certaines filiales actuelles du groupe (ICADE notamment). En outre, l’apport des 40% de la CDC dans CNP fait toujours débat du côté du pouvoir exécutif!

Il parait également légitime de craindre le possible recours à l’emprunt de la CDC pour ficeler son apport de liquidités au FSI (estimé à 3Mds€).

A l’heure où les négociations se poursuivent entre l’Etat et la CDC sur le montage définitif du FSI (et donc sur les apports de la CDC), il est naturellement prématuré d’appréhender les conséquences concrètes de ce qu’il faut bien appeler « un tournant historique » pour la CDC.

Néanmoins, lorsque le Directeur général nous assure (sans toutefois s’engager à long terme!) que l’évolution du FSI restera contrôlée par son actionnaire majoritaire, à savoir la CDC, la CFTC ne peut s’empêcher de penser que l’autre actionnaire, certes minoritaire, n’est autre que l’Etat. Jusqu’où la CDC pense pouvoir résister à l’Etat, s’il prenait à ce dernier l’envie de vendre telle ou telle filiale pour grossir la dote du FSI?

La CFTC préfère rester vigilante et lucide.